Rezension über:

Brian M. Jensen (ed.): Lectionarium Placentinum Temporale. Edition of a Twelfth Centuy Lectionary for the Divine Office. Vol. I: Pars hiemalis. Vol. 2: Pars aestiva (= Millennio Medievale; 108), Firenze: SISMEL. Edizioni del Galluzzo 2016, 2 Bde., LXXVI + 885 S., 16 Farbabb., ISBN 978-88-8450-709-9, EUR 155,00
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Rezension von:
Claire Maître
Institut de recherche et d'histoire des textes (IRHT), Paris
Redaktionelle Betreuung:
Ralf Lützelschwab
Empfohlene Zitierweise:
Claire Maître: Rezension von: Brian M. Jensen (ed.): Lectionarium Placentinum Temporale. Edition of a Twelfth Centuy Lectionary for the Divine Office. Vol. I: Pars hiemalis. Vol. 2: Pars aestiva, Firenze: SISMEL. Edizioni del Galluzzo 2016, in: sehepunkte 17 (2017), Nr. 1 [15.01.2017], URL: https://www.sehepunkte.de
/2017/01/29506.html


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Brian M. Jensen (ed.): Lectionarium Placentinum Temporale

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Cette publication s'inscrit dans le programme de recherche suédois, Ars edendi, fondé et dirigé par Gunilla Iversen, professeur émérite de latin à l'Université de Stockholm. Il s'agit de l'édition de deux manuscrits copiés pour la cathédrale de Piacenza en Italie. Ils contiennent le Temporal d'un lectionnaire du chapitre cathédral pour les deux parties d'hiver et d'été, une bipartition qui se retrouve dans l'édition, elle-même en deux volumes. Une édition est en préparation du Sanctoral de ce même lectionnaire.

Les lectionnaires de l'office sont des livres liturgiques relativement peu nombreux, mais dont le contenu se trouve également, souvent raccourci, dans le bréviaire, ou abrégé de toutes les composantes de l'office. Ces deux types de volume contiennent donc les textes lus à l'office et médités par l'ensemble d'une communauté religieuse, monastique ou cathédrale. Ce sont des instruments précieux pour connaître la spiritualité et la culture d'une époque, l'histoire des idées, l'hagiographie, la théologie. Pour la période médiévale, ils sont malheureusement trop peu connus et exploités par manque d'éditions. Il faut donc remercier chaleureusement Brian M. Jensen pour sa publication.

Un lectionnaire de l'office fournit les textes des lectures, à l'exclusion de ceux des deux autres actions liturgiques: les chants et les oraisons. Durant le Moyen-Âge, ces lectures étaient empruntées à la Bible, aux Pères de l'église et à certains auteurs médiévaux. Cet ensemble se divisait en deux parties, l'une pour les fêtes christologiques, ou Temporal, l'autre pour celles des saints, ou Sanctoral. Les lectures de l'office, ou plus précisément celles des nocturnes, comportent, dans une cathédrale, les textes de neuf leçons, trois pour chacun des trois nocturnes, ainsi que celui d'un évangile en tête des trois lectures du dernier nocturne, ces dernières commentant le texte évangélique.

Les quatre manuscrits Piacenza, Biblioteca Capitolare, 60, 61, 62, 63, dont les deux premiers sont ici édités, appartiennent à un ensemble de volumes offerts par un chanoine Ribaldus. Celui-ci, devenu en 1141 cardinal de Sainte-Anastasie à Rome, offre alors au chapitre cathédral de son diocèse d'origine, des terres pour la confection d'un nouvel ensemble de livres liturgiques. Ce besoin de nouveaux livres était dû d'abord, selon Brian M. Jensen, à la réforme grégorienne de la fin du XIe siècle, ainsi qu'à de graves dommages subis par la cathédrale au début du XIIe siècle à la suite de deux tremblements de terres en 1107 et 1117.

Les deux manuscrits 60 et 61 ont été copiés dans le dernier quart du XIIe siècle. Ils mesurent 482 x 344 mm pour le codex 61 (hivernal) et 473 x 322 mm pour le codex 60 (estival). Ils comportent respectivement 363 et 297 feuillets, écrits sur deux colonnes. Le codex 61 va du premier dimanche de l'Avent jusqu'au Samedi Saint, le codex 60 du dimanche de Pâques au 26e dimanche après la Pentecôte, suivi d'une addition du XIVe siècle comportant les lectures de la fête du Corpus Christi.

Ensemble, les deux volumes contiennent 144 fêtes. Leurs rubriques donnent le nom de onze auteurs seulement pour les lectures: Ambroise, Augustin, Bède, Grégoire le Grand, Hilaire de Poitiers, Jérôme, Jean Chrysostome, l'évêque Jean, Léon le Grand, Maxime de Turin, et Origène. Mais il est bien connu que les attributions médiévales n'étaient pas toujours exactes et le nombre réel d'auteurs, tel qu'il apparaît dans l'Index fontium en fin d'ouvrage, doit être doublé. Parmi les nouveaux venus, se trouvent un certain nombre d'auteurs du haut Moyen-Âge, tels Césaire d'Arles, Chromace d'Aquilée, Eusèbe Gallican, Fulgence ou Paul Diacre. Quelques textes restent inconnus à ce jour.

Le volume I s'ouvre sur une description du lectionnaire, une présentation de l'édition, et une reconstruction, à titre d'exemple des trois nocturnes du jour octave de l'épiphanie (Il aurait été préférable de ne pas inclure l'invitatoire, le verset et l'hymne dans le premier nocturne: ces pièces ouvrent l'ensemble de l'office et antécèdent le premier nocturne). Vient ensuite l'édition des 79 offices présents dans le manuscrit 61. Dans le volume II le lecteur trouvera les 67 offices contenus dans le manuscrit 60. 16 reproductions photographiques sont également fournies.

L'édition elle-même comporte trois apparats: Apparatus biblicus pour les citations directes et indirectes de la Bible; Apparatus fontium qui identifie les auteurs et les textes et renvoie au passage précis d'une édition; Apparatus criticus enfin pour les interventions médiévales et modernes.

A la fin du deuxième volume, le lecteur trouvera la liste des offices présents dans ce lectionnaire avec les incipits et explicits des textes pour chacun d'entre eux (363-387), une bibliographie, des index des lemmes bibliques selon l'ordre liturgique, des livres bibliques, des auteurs, sans malheureusement préciser les œuvres. Pour les identifier il faut se reporter, dans l'édition, à tous les numéros relevés sous le nom de l'auteur.

Un autre regret concerne le mode de référence aux éditions: celles-ci ne sont pas données leçon après leçon, mais globalement, sans en préciser les limites dans les textes, ni les lignes en référence dans l'édition moderne. Or, il n'est pas rare qu'une lecture liturgique omette des passages d'un texte médiéval, donnant ainsi matière à réflexion sur les priorités spirituelles du choix médiéval. Il aurait été préférable de préciser, pour chaque leçon, le numéro des lignes de l'édition moderne concernée. Ces informations auraient été utiles aux éditeurs, historiens des mentalités et même aux philologues. Enfin il aurait été possible de relever les variantes textuelles à l'intention de ces mêmes spécialistes et pour insérer ces textes dans leur stemma éditorial, mais cela aurait nécessité un travail d'une autre ampleur.

Cette édition a le grand mérite d'exister. Elle ouvre une voie assez nouvelle et il faut féliciter Brian M. Jensen de l'avoir menée au bout, même si des progrès méthodologiques peuvent se concevoir. Ce sera le travail des éditions qui, espérons le, suivront cette belle initiative.

Claire Maître