Rezension über:

Irena Backus: Théodore de Bèze (1519 -1605). Actes du Colloque de Genève (septembre 2005) (= Travaux d'Humanisme et Renaissance; Nr. CDXXIV), Genève: Droz 2007, 598 S., ISBN 978-2-600-01118-1, CHF 135,00
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Rezension von:
Matthieu Arnold
Faculté de Théologie protestante, Université Marc Bloch, Strasbourg
Redaktionelle Betreuung:
Julia A. Schmidt-Funke
Empfohlene Zitierweise:
Matthieu Arnold: Rezension von: Irena Backus: Théodore de Bèze (1519 -1605). Actes du Colloque de Genève (septembre 2005), Genève: Droz 2007, in: sehepunkte 9 (2009), Nr. 12 [15.12.2009], URL: https://www.sehepunkte.de
/2009/12/13545.html


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Irena Backus: Théodore de Bèze (1519 -1605)

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C'est une chance que, quatre ans avant le 500e anniversaire de la naissance de Jean Calvin, on ait pu célébrer le 400e anniversaire de la mort de Théodore de Bèze : collègue puis successeur de Calvin à Genève, Bèze est, en effet, resté dans l'ombre de son illustre aîné. Pour le tirer de cet anonymat (tout relatif), nulle institution n'était mieux qualifiée que l'Institut d'Histoire de la Réformation, puisque c'est là que, depuis près de cinquante ans, on édite sa correspondance à un rythme très régulier. Quant aux éditions Droz, outre la correspondance, elles publient également des écrits de Bèze dans leurs collection des Travaux de Littéraire Française.

Après une introduction historiographique de I. Backus, ce ne sont pas moins de 35 contributions (en français, mais aussi en anglais ou en allemand) qui nous sont livrées, agencées en 4 sections d'inégale longueur : 1. Bèze dans l'histoire de son temps (21-173), 11 contributions ; 2. Théologie, exégèse et philologie (175-365), 11 contributions ; 3. Littérature (367-513), 9 contributions ; 4. Droit et politique (515-576), 4 contributions. En dépit des inévitables recoupements entre ces sections (on peut se demander si la séparation entre théologie et littérature est pertinente tant, comme l'œuvre théologique de Calvin, celle de Bèze ressortit à la littérature..., I. Backus se posant elle-même cette question, p. 17), cet agencement a le mérite de signaler les facettes très variées de l'œuvre de Théodore de Bèze.

La première section situe Bèze à la fois sur le plan local (le premier pasteur de Genève, qui continue de faire appliquer avec rigueur la discipline ecclésiastique, le recteur de l'Académie et l'auteur, en relation avec ses imprimeurs), sur le plan suisse (les rapports avec Zurich et avec Berne) et même sur le plan international (le 'chef de l'internationale protestante' après le décès de Bullinger en 1575, et son rôle tout particulier dans le développement du protestantisme français). Plusieurs contributions mettent en évidence les polémiques dont Bèze a fait l'objet, de la part des partisans de la foi traditionnelle (on connaît les vers célèbres de Ronsard), mais aussi des Luthériens.

La section théologie touche à la fois à des thèmes (le statut de la raison, la prédestination, l'eucharistie, l'ecclésiologie, le ministère pastoral), à des sources de la pensée de Bèze (les Pères de l'Église, au premier chef Tertullien) et à des genres littéraires : l'édition et les commentaires de livres du Nouveau Testament.

La section plus proprement littéraire montre la continuité entre le jeune Bèze (il se veut moraliste dès ses Poemata) et le Bèze converti à la Réforme. Y sont présentés des écrits de type pastoral (les Chrestiennes meditations..., 1581), ainsi que la célèbre tragédie Abraham sacrifiant (1550) mais plus encore des publications satiriques et polémiques telles que les Satyres chrestiennes de la cuisine papale (1560) ou la Response à la lettre d'un gentilhomme Savoysien (1598).

Les contributions, moins nombreuses, consacrées au droit et à la politique - avec notamment le fameux traité Du droit des magistrats... (1574) mais aussi des sermons sur la Passion, qui donnent lieu à des développements politiques ! -, font ressortir l'importance de la justice divine dans la pensée de Bèze.

Tous ces articles sont de grande qualité. Ils ont pour auteurs des littéraires, des historiens et des théologiens : I. Backus, D. S. Camillocci, M. Campagnolo, E. Campi, M. Carbonnier-Burkard, Ch.-A. Chamay, A. Dufour, M. Duncumb, M. Engammarre, O. Fatio, V. Ferrer, H. Genton, J.-F. Gilmont, M.-Ch. Gomez-Giraud, C. Grosse, L. Ilić, K. Maag, S. M. Manetsch, T. Maruyama, D. Ménager, P.-A. Mellet, O. Millet, B. Nicollier, P. Opitz, B. Périgot, P. Petitmengin, O. Pot, J. Raitt, B. Roussel, C. Santschi, D. Sinnema, R. Stawarz-Luginbühl, Ch. Strohm et K. M. Summers.

Les conclusions de B. Nicollier (577-581), qui recouvrent en partie le propos de l'introduction, peinent à tracer les grandes lignes de force de ce volume extrêmement fouillé et érudit, mais que l'on aurait sans doute voulu mieux structuré et plus ouvert aux historiens catholiques ou luthériens. Ces actes du colloque de 2005 n'en constituent pas moins, désormais, l'ouvrage de référence sur Théodore de Bèze, ouvrage dont un précieux index nominum (583-593) facilite la consultation.

Matthieu Arnold