Rezension über:

Patricia Skinner: Medieval Amalfi and its Diaspora, 800-1250, Oxford: Oxford University Press 2013, XX + 280 S., ISBN 978-0-19-964627-2, GBP 65,00
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Rezension von:
Jean-Marie Martin
Ecole française de Rome, Rom
Redaktionelle Betreuung:
Ralf Lützelschwab
Empfohlene Zitierweise:
Jean-Marie Martin: Rezension von: Patricia Skinner: Medieval Amalfi and its Diaspora, 800-1250, Oxford: Oxford University Press 2013, in: sehepunkte 13 (2013), Nr. 12 [15.12.2013], URL: https://www.sehepunkte.de
/2013/12/23713.html


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Patricia Skinner: Medieval Amalfi and its Diaspora, 800-1250

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Dans ce livre, P. Skinner prétend refaire une histoire générale d'Amalfi et des Amalfitains du IXe au XIIIe siècle, tâche encore ardue trente-six ans après la parution du livre de M. Del Treppo et A. Leone, qu'elle utilise et critique. [1] Elle veut démythifier l'histoire du petit duché (ce que faisait déjà le livre précédent) en s'en tenant strictement aux données textuelles (chartes et chroniques). Le plan est logique et se fonde sur la distinction entre Amalfi et les Amalfitains.

La première partie (Amalfi) évoque successivement les sources, la géographie et le paysage, la structure sociale, les productions, la vie religieuse, enfin les composantes du pouvoir. La seconde partie (les Amalfitains) commence par reprendre l'analyse sociale, avant de traiter des Amalfitains hors du duché : en Italie, dans les pays de la Méditerranée orientale, enfin de la Méditerranée occidentale. En conclusion (Challenging the Dichotomy) elle note que les données sur le commerce amalfitain sont très restreintes et en déduit que les Amalfitains s'expatrient surtout pour trouver des terres, ou pour des raisons religieuses : il n'existe pas de réseau amalfitain en Méditerranée.

La description du duché, de ses paysages, de la ville, l'étude des églises et monastères privés, les monographies concernant quelques familles amalfitaines (et « atranesi » de Salerne) sont bien venues. Mais de nombreux développements (par exemple sur les contrats agraires, ou sur les Amalfitains installés à Constantinople ou au Moyen Orient) n'apportent rien de nouveau.

À l'inverse, certains points importants ne sont pas évoqués ou convenablement traités. Ainsi le droit personnel. L'auteur s'étonne de l'absence du droit de primogéniture dans les familles de comites, ou de la capacité juridique des femmes et de leurs droits sur leurs biens propres, sans avoir exposé que les Amalfitains - comme les Napolitains et, dans une certaine mesure, les Gaétans - étaient de droit personnel « romain » (et non « byzantin » comme elle l'écrit, 113), ce qui explique ces particularités. [2]

Autre grave lacune : la monnaie. L'auteur sait qu'Amalfi frappe le tarin d'or et expose (224) que c'est un signe de bonnes relations avec les pays musulmans. Or Amalfi (et Salerne) n'ont frappé des imitations (facilement reconnaissables) de tarins que pour compenser une pénurie de tarins musulmans survenue vers 1050 : l'afflux de cette monnaie du début du Xe au milieu du XIe est le signe le plus évident des relations commerciales avec la Sicile et le Maghreb ; en outre, le tarin frappé à Amalfi s'est très rapidement dévalué, ce qui empêche d'avoir une idée précise des prix et de les comparer.

L'émigration amalfitaine est étudiée par zones, non de façon chronologique. Or il semble clair qu'Amalfi a d'abord entretenu des relations avec la Sicile et le Maghreb (d'où l'usage du tarin), puis avec l'Égypte depuis la conquête fatimide, plus qu'avec Constantinople et la Syrie-Palestine. Quant à l'émigration en Italie (à la possible exception de Naples et de Salerne), elles est souvent liée au commerce : c'est la production et le commerce de l'huile (et aussi de l'argent) qui attirent des Amalfitains en Pouille. [3]

Enfin, le chapitre concernant l'hypothétique présence d'Amalfitains en Espagne et en Provence, l'auteur ne pouvant évaluer le degré de crédibilité des deux seules sources qui les présentent, n'a guère lieu d'être, sinon pour montrer a contrario l'importance de celle qui est attestée en Méditerranée orientale.

Globalement, le rôle des descendants de comites est convenablement présenté ; mais on s'étonne que le système anthroponymique qui les distingue puisse être mis en rapport avec le système arabo-musulman, beaucoup moins linéaire et plus complexe. Ajoutons qu'on ne sait rien du rôle réel des comites aux IXe et Xe siècles ; à l'inverse, le fait que leurs descendants ne s'intègrent pas (comme l'ont fait les aristocrates napolitains) dans l'aristocratie féodale normande mériterait d'être souligné.

On note encore quelques inexactitudes de détail : les dignités byzantines ne sont pas distribuées, à la fin du XIe siècle, pour contrer les Normands, qui en reçoivent également. On s'étonne de voir Robert Guiscard mourir en 1086, Charles Ier régner jusqu'en 1301.

Les trop nombreuses lacunes bibliographiques sont sans doute responsables de telles insuffisances. On regrette en outre la façon dont ont été lus et utilisés les documents d'archives : ils ne permettent aucune étude statistique, même approximative ; mais il n'est pas interdit d'en tirer des conclusions et même des hypothèses.

Au total, ce livre peut être lu comme une présentation (partiale) d'Amalfi et des Amalfitains ; mais il n'apprend rien aux spécialistes et on doute qu'il les convainque.


Notes:

[1] M. Del Treppo / A. Leone: Amalfi medioevale, Naples 1977.

[2] Voir J.-M. Martin / A. Peters-Custot / V. Prigent (éds.): L'héritage byzantin en Italie (VIIIe-XIIe siècle). II. Les cadres juridiques et sociaux et les institutions publiques, Rome, 2012 (= Collection de l'École française de Rome, 461), et notamment la contribution d'E. Cortese, La donna moglie e madre nella famiglia romano-bizantina : tendenze consuetudinarie tra tardo Impero e Medioevo, p.157-169.

[3] J.-M. Martin: Amalfi e le città marinare del Mezzogiorno d'Italia, in: Rassegna del Centro di cultura e storia amalfitana, 39-40, décembre 2010, 29-49.

Jean-Marie Martin