Claude Gauvard: Le Temps des Valois de 1328 à 1515 (= Une histoire personnelle de la France), Paris: Presses Universitaires de France 2013, 230 S., ISBN 978-2-13-061965-9, EUR 14,00
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Hannah Skoda / Patrick Lantschner / R. L. J. Shaw (eds.): Contact and Exchange in Later Medieval Europe. Essays in Honour of Malcolm Vale, Woodbridge / Rochester, NY: Boydell & Brewer 2012
Michel Pastoureau: Les signes et les songes. Études sur la symbolique et la sensibilité médiévales, Firenze: SISMEL. Edizioni del Galluzzo 2013
Ulrike Hascher-Burger / August den Hollander / Wim Janse (eds.): Between Lay Piety and Academic Theology. Studies Presented to Christoph Burger on the Occasion of his 65th Birthday, Leiden / Boston: Brill 2010
Comme le veut cette collection des PUF, Claude Gauvard propose une approche personnelle de l'histoire de France sous le règne des Valois de 1328 à 1515. L'ouvrage se présente sous la forme d'un livre d'histoire générale (199 pages), augmenté d'une chronologie, de quatre cartes (la France de la guerre de Cent Ans, la France des princes au début du XVe siècle, le royaume de France de Louis XI à Louis XII, les Etats bourguignons sous Charles le Téméraire, d'une généalogie des Valois de Philippe VI à François Ier, d'un index (personnes et événements) et d'une bibliographie succincte citant principalement ses propres travaux, ainsi que ceux des spécialistes français avec qui elle a collaboré, à savoir Françoise Autrand, Philippe Contamine, Bernard Guenée, Alain de Libera, Olivier Mattéoni, Bertrand Schnerb et Michel Zink. Les historiens anglo-saxons et allemands spécialistes de la question ne sont pas cités. L'historienne relate de façon classique les événements ayant marqué le royaume de France.
La première partie traite de la conjoncture de la crise dans le royaume de France aux XIVe et XVe siècles. Le premier chapitre rappelle "les caractères généraux de la crise" - crise générale de l'Occident et de l'Eglise, crise économique et démographique. Le second est consacré aux formes politiques de la crise: la guerre, la fiscalité, la contestation. Le troisième évoque les résistances à la crise, notamment par le culte de la mort, le renforcement des institutions et l'évolution de Paris comme capitale.
La deuxième grande partie traite de "la dynastie des Valois contestées" avec tout d'abord "la difficile installation des premiers Valois" - l'avènement de Philippe VI de Valois, les origines de la guerre de Cent Ans, les premières défaites françaises. Ensuite, l'accent est mis sur "le paroxysme de la crise politique (1355-1364)" avec "les ambitions de Charles de Navarre", "l'action d'Etienne Marcel" et les "révoltes paysannes et victoire des Valois". Enfin, l'installation de la dynastie des Valois (1364-1400) grâce à la "reconquête de Charles V", "le gouvernement du roi sage", "les effets d'un idéal politique" (les Marmousets et la folie de Charles VI).
La troisième partie décrit "le royaume de France dans l'impasse (1400-1440)" du fait de la guerre civile menée par les princes et du conflit entre les Armagnacs et les Bourguignons - "une guerre de vengeance". Puis, elle présente "la France du traité de Troyes (1420)", suite aux "conséquences d'Azincourt" et à la défaite du roi de France, qui conduisent au "status quo des années 1420", aux "trois France" et au "roi de Bourges". Le troisième chapitre porte entièrement sur Jeanne d'Arc (1412-1431). Même succinct comme le veut le format de la publication, il est particulièrement intéressant. Il confronte la légende aux avatars de l'historiographie et à la "réalité d'une fille de son époque"; puis il décrit une "héroïne nationale" issue du duché de Lorraine; et il s'achève par le dilemme "prophétesse ou sorcière" posé lors des procès, y compris celui de réhabilitation. La quatrième est dernière partie clôt la chronologie sur "la 'grant monarchie de France' (1440-1492)", avec la "reconquête du royaume" à partir du Traité d'Arras (1435), de la Praguerie (1440) et de la "réforme des institutions" - la terminologie moderne peut étonner ("reflux des idées démocratiques", "décentralisation"). Elle se poursuit par un chapitre éclairant sur Louis XI "un roi autoritaire", "méconnu?", "déprécié", ayant su utiliser "l'information comme nouveau moyen de gouverner". Son règne a été marqué par les luttes entre les princes - "guerre du Bien public", "lutte contre Charles le Téméraire", et en conséquence par "une justice rigoureuse". Celle-ci s'explique en effet par la fidélité imposée par Louis XI à ses collaborateurs, ainsi que par le développement d'une justice d'Etat et par l'utilisation du chef d'accusation de lèse-majesté. Les grands procès touchant la grande aristocratie ont été menés par des tribunaux d'exception, suivis par des exécutions spectaculaires - décapitation de Jacques d'Armagnac, duc de Nemours le 4 août 1477.
Le quatrième chapitre termine l'ouvrage sur "la reconstruction du royaume" conformément au récit traditionnel de l'histoire de France. La reconstruction est caractérisée par le "développement des foires et la reprise agricole", ainsi que par "l'essor économique" dû à l'arrêt des conflits militaires - un paragraphe est consacré à Jacques Cœur, obligeant à déplacer la chronologie à rebours pour revenir au règne de Charles VII. Le chapitre s'achève de façon un peu rapide par une courte évocation des règnes de Charles VIII et Louis XII qualifiés de "monarchie conquérante" du fait du rattachement de la Bretagne au royaume de France et au début des guerres d'Italie aux "conséquences complexes".
Au final, on a compris que l'historienne aura répondu au format très resserré imposé par la collection. C'est pourquoi les chapitres sont souvent très succincts - celui consacré au "culte de la mort" et aux danses macabres est un très rapide survol un peu regrettable. On aurait aussi attendu l'affirmation d'un ton ou d'un style plus personnel du récit des événements, par exemple sur des chapitres choisis, tels ceux consacrés à Jeanne d'Arc ou aux grands procès de Louis XI. Mais, ce "quasi petit manuel d'histoire" trouvera son lectorat parmi les étudiants de licence et les amateurs d'histoire de France.
Martine Clouzot