Altay Coşkun / Alex McAuley (eds.): Seleukid Royal Women. Creation, Representation and Distortion of Hellenistic Queenship in the Seleukid Empire (= Historia. Einzelschriften; Bd. 240), Stuttgart: Franz Steiner Verlag 2016, 322 S., Zahlr. s/w-Abb., ISBN 978-3-515-11295-6, EUR 62,00
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Dans son "Discours sur Antioche" (XI), le rhéteur Libanios réserve un court chapitre (128) aux femmes des rois Séleucides, qui avaient accru la gloire d'Antioche, les unes par leur concours au respect des lois funéraires, les autres en embellissant la cité de sanctuaires et monuments, comme si, pour elles, le but du mariage n'avait pas été la seule procréation des enfants, mais aussi l'imitation de la conduite de leurs époux à l'égard de la cité.
Le lecteur averti de choses séleucides et syriennes a bien du mal à comprendre cet éloge déroutant, car l'évergétisme des femmes de la dynastie de Séleucos Ier Nikator est très peu attesté, même en dehors d'Antioche, et il ne concerne pas les bonnes œuvres funéraires et édilitaires mises en avant par Libanios au IVe s. de notre ère. À défaut de pouvoir être vérifié, ce texte rhétorique peut être déconstruit et trouver sa place dans l'historiographie des femmes royales séleucides: seules les épouses sont prises en compte, mais elles ne sont pas qualifiées de basilissai, ni même porteuses d'épiclèses (contrairement aux rois: Libanios, XI, 126); contrepartie féminine des rois bienfaiteurs de la cité, elles sont rejetées dans l'anonymat le plus complet; enfin et surtout, ces femmes sans nom et sans histoire sont à l'opposée des Laodikè, Apama et Cléopâtre, dont la légende noire survit grâce aux historiens, compilateurs et rhéteurs de l'époque post-hellénistique, car Libanios a puisé dans une tradition isolée, qui gommait toute aspérité de l'histoire des Séleucides et de leurs relations avec Antioche (cf. H.-U. Wiemer, Klio 85, 2003, p. 463; A. Primo, La storiografia sui Seleucidi da Megastene a Eusebio di Cesarea, 2009, 269-270).
La déconstruction des textes littéraires et épigraphiques et des rarissimes sources iconographiques relatives aux princesses et reines séleucides est la méthode de base utilisée par les treize contributeurs de l'ouvrage Seleukid Royal Women. Creation, Representation and Distortion of Hellenistic Queenship in the Seleukid Empire, issu de la quatrième des rencontres scientifiques intitulées Seleukid Study Days (SSD), dont A. Coşkun et A. McAuley donnent un utile aperçu dans leur Introduction (9-11). L'ensemble des auteurs partage la volonté de restituer leur rôle d'actrices aux femmes de la dynastie séleucide (cf. H. Beck, 16), de ré-contextualiser leur action et de décrypter les déformations issues des luttes politiques et idéologiques entre dynasties rivales et en général de stéréotypes de genre (22). Nous allons passer en revue les trois parties de l'ouvrage, avant de formuler des remarques sur les principaux acquis de l'ouvrage.
Dans la Ière Partie, intitulée "Experimenting with Role of the Royal Consort: the First Two Basilissai of the Seleukids" (25-104), quatre articles sont voués à Apama et Stratonice. Les auteurs exploitent un corpus documentaire très restreint, la part des hypothèses est plus ou moins grande dans leurs raisonnements. La conjecture émise par Louis Robert (BCH 1984, 437) sur le "lien personnel de sympathie" qui avait dû se nouer entre la Bactrienne Apama et le général milésien Démodamas est le point de départ pour une évaluation subjective de l'influence politique de la première épouse de Séleucos Ier en termes de réseaux locaux (comparer la circonspection d'A.-C. Harders, D. Engels et de K. Erickson et l'approche plus hardie de G. Ramsey); la fondation de quatre cités nommées d'après Apama est, selon A.-C. Harders, un élément de la politique dynastique de Séleucos Ier, tandis que G. Ramsey penche pour un engagement direct d'Apama. Le rôle de Stratonice, seconde épouse de Séleucos Ier (à partir de 300-297 a.C.) et ensuite épouse d'Antiochos Ier (dès 294/3 a.C.), se dessine à travers le roman de son deuxième mariage - dont les traditions iraniennes et orientales sont analysées en détail par D. Engels, K. Erickson et E. Almagor - et une riche documentation épigraphique (grecque et babylonienne) qui atteste indéniablement l'importance de cette reine. La mention exclusive de sa filiation paternelle (accompagnée parfois de sa filiation maternelle) dans les inventaires déliens (postérieurs à 279 a.C.) qui enregistrent les offrandes de Stratonice, incite A. C. Harders et G. Ramsey à souligner l'implication de la reine dans l'alliance politique et dynastique développée par les Antigonides et les Séleucides contre les Lagides. Les auteurs développent sur ce point les thèses d'E. Carney (Women and Monarchy in Macedonia, 2000, 171-172: Stratonice, fut, comme sa mère Phila, "a lifelong ambassador from one dynasty to another"). Le dossier délien de Stratonice fille de Démétrios Poliorcète aurait mérité selon nous d'être rapproché de celui d'une autre Stratonice, la fille d'Ariarathès IV de Cappadoce et épouse d'abord d'Eumène II, puis d'Attale II (après 158): cette basilissa met en avant sa seule filiation paternelle dans la dédicace de statues consacrées à Pergame et à Délos, au moment où (vers 164-156) les Attalides soutiennent les ambitions d'Ariarathès V, frère cadet de Stratonice (H. Müller, Chiron 1978, 393-424). Il reste à apprécier quelle fut, dans cette stratégie de communication, la part de l'initiative des deux reines.
La IIème Partie, intitulée "Representation, Visibility and Distortion of Seleukid Queenship" (107-172), regroupe trois articles. Le premier, dû à A. Coşkun, est une reconstitution de l'imbroglio dynastique et politique qui aboutit à la mort d'Antiochos II et à l'éclatement de la IIIe guerre de Syrie (253-246 a.C.). L'auteur réhabilite pleinement Laodikè I et la disculpe tant du meurtre d'Antiochos II que de celui de Bérénice Phernophoros et du jeune Antiochos. Il argue, sur la base des journaux astronomiques babyloniens, qu'Antiochos II avait nommé avant sa mort Séleucos II comme corégent (120 et notes 57-58). Sur ce point, nous laissons la discussion aux spécialistes d'épigraphie cunéiforme, mais notons que la date à laquelle la nouvelle du décès d'Antiochos II fut connue à Babylone - 31.VII-29 VIII 246 - est confirmée par la Liste Royale no 6, comme l'écrit G. Del Monte, Testi dalla Babilonia ellenistica, I, 1997, p. 48 et p. 231. A. Coşkun renverse le lien chronologique et causal traditionnellement admis entre la suppression de Bérénice et de son enfant et l'offensive militaire lagide en Syrie, Cilicie, Ionie et Carie : la première fut en réalité la conséquence de la seconde. C'est un schéma tout à fait séduisant, qui a pour corollaire de réduire considérablement le rôle des deux épouses d'Antiochos II (Bérénice, jusque là soutenue par une partie de l'establishment local, à Antioche et en Cilicie, est victime de la grande politique de son frère; Laodikè est supprimée par Ptolémée III, dès 246), mais nous paraît très réaliste, compte tenu de la difficulté, pour une reine hellénistique, de garder longtemps toute seule la direction des affaires militaires. Pour une autre perspective, qui valorise à l'extrême l'action de Laodikè I et de Bérenice Phernophoros, mais laisse dans l'ombre les circonstances de leur mort, cf. Monica D'Agostino, "Representation and Agency of Royal Women in Hellenistic Dynastic Crises, The case of Berenike and Laodike", dans A. Bielman Sànchez, I. Cogitore, A. Kolb (éd.), Femmes influentes dans le monde hellénistique et à Rome, 2016, p. 35-59.
Après la restauration d'Antiochos III et l'œuvre inachevée de Séleucos IV et d'Antiochos IV, les princesses et reines séleucides du IIe s. a.C. appartiennent à un nouveau monde, marqué par une plus forte imbrication dynastique, politique et culturelle entre les Séleucides et les Lagides. B. Bartlett produit une analyse captivante des biographies que Justin (XXXIX, 3) nous a transmises de deux sœurs ennemies, Tryphaina et Cléopâtre IV. Il s'agit en réalité de deux princesses lagides qui furent les épouses de deux rois et demi-frères séleucides rivaux, Antiochos VIII et Antiochos IX. L'auteur montre que la "guerre des sœurs" a été, sinon créée de toute pièce, considérablement dilatée par Justin, à cause de sa perspective moralisante et pour faire pendant à la "guerre des frères" du livre XXVII.
Dans leur important article consacré au recensement et à l'interprétation des portraits des femmes séleucides, S. Ager et C. Hardiman soulignent avec raison, face à la rareté des documents iconographiques, le danger de l'argumentum e silentio et la difficulté de comparer documentations de nature et contexte culturels divers. La répartition chronologique des sources est très inégale. Le catalogue des attestations épigraphiques montre que les cités ont dressée des statues d'Apama, Stratonice, Laodikè III et Laodikè IV(?). L'on sait aussi que des portraits en miniature de Laodikè III ornaient les couronnes des prêtresses du culte dynastique de la souveraine, culte institué en 193 a.C. L'examen des attestations numismatiques montre qu'aucun portrait monétaire d'une reine n'est attesté avant ceux, anonymes, d'une ou deux épouses de Séleucos IV (les auteurs ne prennent pas positions dans la controverse relative à la mort de la reine Laodikè, épouse de Séleucos IV, datée à l'été 182 a.C. par un éphéméride babylonien: Del Monte, o.c., 70). Les portraits postérieurs, qui représentent souvent le roi et la reine, accusent une influence lagide très prononcée, avant un retour aux modèles plus anciens, i.e. exclusivement masculins. Les auteurs concluent avec prudence que la visibilité des reines, et plus particulièrement l'émergence du couple royal, s'imposent - au vue de l'ensemble de la documentation - déjà sous le règne d'Antiochos III, mais que ce changement fut passager, puisque le monnayage des derniers Séleucides efface à nouveau la présence des reines.
La IIIème Partie, intitulée "Dynastic Intermarriage and Hellenistic Queenship in the Shadow of the Seleukids", regroupe deux articles concernant des dynasties mineures apparentées par mariage aux Séleucides, un article sur la place des femmes dans la dynastie hasmonéenne, et un article sur la dernière reine séleucide, Cléopâtre Sélène. A. Mc Auley examine le dossier particulièrement complexe et mal documenté de la succession de Magas de Cyrène, dans lequel sa veuve Apama (fille d'Antiochos Ier et nièce d'Antigone Gonatas, qui avait épousé par ailleurs Phila II, demi-sœur d'Apama) joua un rôle singulier et scandaleux (Justin, XXVII, 2-7), en négatif de la gloire acquise, malgré et en raison de son bonum facinus (Catulle, Carmina 66, 28), par la jeune Bérénice. L'auteur s'interroge sur les raisons qui ont poussé Apama à inviter à Cyrène Démétrios le Beau (demi-frère d'Antigone Gonatas) pour qu'il épouse sa fille Bérénice. Il replace l'affaire dans le contexte de la géopolitique égéenne contemporaine et souligne que le choix d'Apama renforçait les fronts antigonide et séleucide contre la maison lagide, à laquelle la veuve de Magas était finalement restée étrangère.
R. Wenghofer et D. J. Houle remontent de la riche documentation numismatique des royaumes gréco-bactriens aux alliances matrimoniales et diplomatiques que la maison séleucide établit avec ces dynastes pour stabiliser les frontières orientales de l'empire. Ils supposent notamment qu'Eukratidès était, par sa mère Laodikè (qui porte, contrairement à son époux, le diadème), le petit-fils d'une fille d'Antiochos III donnée en mariage à Démétrios I de Bactriane vers 210/208 (Pol. XI, 34). Nous rapprochons, pour la méthode et pour la problématique, l'étude d'O. Coloru, "Antiochos IV et le royaume de Médie Atropatène: nouvelles considérations sur un mariage dynastique entre les Séleucides et la maison d'Atropatès", dans C. Feyel, L. Graslin- Thomé (éd.), Le projet politique d'Antiochos IV, 2014, p. 395-414, qui a postulé, sur la base d'un faisceau d'indices tirés des sources épigraphiques grecques et cunéiformes et d'un passage de Strabon (XI, 13, 1-2), l'existence d'un mariage dynastique entre une princesse séleucide, fille ou nièce d'Antiochos IV, et un dynaste d'Atropatène nommé Ariobarzane.
R. Strootman s'interroge sur la surreprésentation des femmes dans la galerie des ancêtres maternels grecs (Séleucides) d'Antiochos Ier de Commagène, en contraste avec l'absence de toute femme dans la galerie des ancêtres paternels iraniens (Achéménides). L'héritage séleucide par les femmes est le vecteur d'une idéologie impériale universaliste, qui s'exprime dans le titre de Basileus Megas dont Antiochos Ier s'enorgueillit - alors que la dynastie séleucide a disparu.
Cette thèse doit être rectifiée. Il est certain que l'alliance dynastique par les femmes a joué un rôle (la mère d'Antiochos Ier était une fille d'Antiochos VIII Grypos) et qu'elle est valorisée dans la galerie des ancêtres. Mais des quatre stèles représentant des femmes, deux seulement se rapportent à des ancêtres d'Antiochos Ier de Commagène (la grand-mère, Cléopâtre Thryphaina, et la mère, Laodikè Théa), puisque, selon les reconstructions les plus récentes, les deux dernières sont celles de la femme et d'une fille d'Antiochos (cf. M. Facella, La dinastia degli Orontidi nella Commagene ellenistico-romana, 2006, 272-275). Quant au titre Basileus Megas, Antiochos Ier ne l'a pas porté depuis le début de son règne (ca. 70 a.C.), mais plusieurs années après, suite à la défaite de Tigrane II d'Arménie, afin de célébrer l'indépendance retrouvée de la dynastie orontide et la reconnaissance officielle d'Antiochos comme roi de Commagène par Rome, (Facella, ibidem, 219-220; 281). Or, les rois d'Arménie ont inscrit systématiquement ce titre sur leur monnayage (cf. F. Muccioli, Gli epiteti ufficiali dei re ellenistici, 2013, p. 408 et l'Appendice I tout entier, p. 395-417, où les relations, fort complexes, entre les titres Megas, Basileus Megas et Basileus Basileôn sont examinées dans l'ensemble des dynasties hellénistiques). Il n'y a donc pas de lien à établir entre l'ascendance séleucide d'Antiochos Ier de Commagène et le port du titre Basileus Megas.
J. Wilker compare les récits de deux premiers Livres des Maccabées et des écrits de Flavius Josèphe concernant l'histoire de la dynastie hasmonéenne de Simon à Aristoboulos, et observe que les auteurs des Maccabées mentionnent rarement les membres féminins de la dynastie, tandis que Flavius Josèphe nous révèle l'importance politique des femmes et veuves de Jean Hyrcan, Alexandre Jannée et Aristoboulos. Elle conclut que la représentation du pouvoir des femmes - dont Salina Alexandra, appelée basilissa - a été sciemment évitée par la tradition maccabéenne, hostile aux modèles culturels de la royauté hellénistique.
Enfin, A. Dimitru rassemble les témoignages numismatiques et littéraires relatifs à la dernière reine séleucide, Cléopâtre Sélène, une princesse lagide qui fut, dirions-nous, une "serial wife" (elle fut l'épouse de Ptolémée IX et X, puis d'Antiochos VIII, IX et X). Il discute diverses hypothèses émises sur la progéniture de Cléopâtre Sélène, qui aurait eu au moins deux fils, Antiochos XIII (le dernier Séleucide) et un autre dont le nom est inconnu, mais qui n'est pas à identifier avec un Antiochos Philométôr attesté par un tétradrachme d'Antioche. L'auteur considère que Sélène, instrumentalisée dans les luttes et alliances dynastiques qui font l'essentiel de l'histoire politique des derniers Séleucides, fit preuve de sa capacité de "résilience" en décidant d'épouser son propre beau-fils, Antiochos X Eusébès, en renouvelant en quelque sorte le modèle de Stratonice et d'Antiochos Ier.
La présentation est globalement soignée, mais on relève plusieurs erreurs typographiques, en particulier dans l'orthographie des noms propres (Ramsay au lieu de Ramsey, 10 et 281; Beven au lieu de Bevan, 17; Arisinoe au lieu d'Arsinoe, 183, etc.), quelques dittographies (141, 255), et des inexactitudes: p. 36, Attalos II n'épousa pas Stratonice "even twice"; p. 46, l'inscription OGIS 14 (dont l'authenticité est très douteuse) ne provient pas d'Hiérapolis/Manbij; Apama (l'épouse de Séleucos Ier) ne fut pas "mother of four children" (56), mais de trois (cf. le stemma à la fin de l'ouvrage); le mariage de Stratonice, fille d'Antiochos Ier et de Stratonice, avec Démétrios II (fils d'Antigone Gonatas), n'eut pas lieu vers 260-255 (184), mais seulement après 245-243 (cf. D. Knoepfler, Décrets érétriens de proxénie et de citoyenneté, 2001, 289).
Trois thèses se dégagent de la lecture des treize contributions: 1) la visibilité ou l'invisibilité des princesses et reines séleucides dépendent de l'état lacunaire de la documentation mais aussi de la nature de celle-ci et des intentions des émetteurs (citoyens, rois, courtisans, lettrés) des "messages" (textes et images) qui sont parvenus jusqu'à nous. Le décryptage et la déconstruction de ces messages sont des préalables à toute reconstruction du rôle des femmes royales séleucides. 2) la persistance des liens des filles et épouses des rois séleucides avec leur maison d'origine, phénomène dégagé notamment dans les études consacrées à la première reine, Apama, et à Apama de Cyrène, invite à reconsidérer le rôle "instrumental" de ces femmes royales et à leur restituer une certaine autonomie, ou tout au moins une certaine puissance d'influence. 3) la "résilience", ou capacité de rebondissement, de la dynastie séleucide s'est largement appuyée sur l'aptitude de ses rois à nouer des alliances de mariage avec des dynasties mineures (Diodotides de Bactriane, Orontides de Commagène etc.), qui ont formé un «réseau» de rois ou dynastes vassaux, mais cette politique, à tort considérée comme un signe de décadence, est une tendance de fond de l'histoire séleucide.
L'adhésion à ces thèses par l'ensemble des auteurs confère un caractère unitaire à l'ouvrage, une qualité rare dans la publication des actes d'un colloque, et qui révèle, à elle seule, l'esprit d'équipe des participants aux Seleukid Study Days. Le but des auteurs est d'examiner l'"apparaître" et le "paraître" des femmes royales séleucides, plutôt que leur être et leurs modes d'agir. Certaines questions capitales - l'emploi du titre basilissa, l'entourage des princesses et des reines, les formes de leur pouvoir et/ou de leur influence - auraient néanmoins mérité d'être traitées plus à fond, éventuellement dans une note de synthèse en conclusion de l'ouvrage, car elles sont abordées incidemment et avec des sensibilités diverses par chaque auteur.
Le lecteur aimerait comprendre, par exemple, s'il est possible ou non de dégager une évolution dans le statut et les fonctions des épouses des rois séleucides depuis Apama jusqu'à Cléopâtre Sélène ou, en l'absence de données factuelles, dans leur représentation. Faute de fournir un contrepoint à la déconstruction de l'image (ou des images) des filles, femmes et épouses de la dynastie séleucide, la méthode mène à une réélaboration sophistiquée de l'histoire dynastique et politique des Séleucides, dans le sillage des Historische Beiträge zu den dynastischen Verbindungen in hellenistischer Zeit de Jakob Seibert (1967), plutôt qu'à un véritable renouvellement de nos connaissances sur les femmes royales séleucides.
Malgré ces zones d'ombre, que les prochaines publications des travaux des Seleukid Study Days vont assurément réduire, on referme ce volume avec la certitude que l'existence des femmes royales séleucides a pu être moins terne et cloisonnée que Libanios d'Antioche ne le laissait entendre.
Ivana Savalli-Lestrade