Günther Moosbauer: Die vergessene Römerschlacht. Der sensationelle Fund am Harzhorn, München: C.H.Beck 2018, 201 S., 1 Kt., 27 s/w-Abb., ISBN 978-3-406-72489-3, EUR 19,95
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C'est effectivement à une découverte extraordinaire qu'est consacré ce livre. Elle avait été révélée au public par un livre paru en 2013, Roms vergessener Feldzug. Die Schlacht am Harzhorn, Pöppelmann H., Deppmeyer K. et Steinmetz W.-D. édit., Veröffentlichungen des Braunschweigischen Landesmuseums, 115, Darmstadt, 407 p. Cet ouvrage est curieusement absent de la bibliographie de G. Moosbauer.
Ces trois auteurs nous apprenaient l'existence d'une bataille jusqu'alors inconnue, même des spécialistes, car elle n'a été mentionnée par aucun texte. Elle a été révélée par des archéologues qui en ont retrouvé les traces, et qui ont pu en reconstituer le déroulement. Elle opposa 10 à 15000 Romains à un parti de 2 à 5000 Germains, près du Harzhorn, au cœur de la Germanie. Les légionnaires revenaient d'un raid en profondeur, et ils longeaient une crête, où ils subirent sans doute une première attaque. Puis ils s'installèrent à mi-pente et grâce à l'action de l'artillerie, combinée à une attaque de flanc, ils réussirent à vaincre les assaillants. Cette rencontre est datée, surtout grâce aux monnaies, du règne de Maximin le Thrace, ce qui n'a pas été le moins surprenant, car il était inimaginable que des soldats romains se soient enfoncés aussi loin à l'intérieur du barbaricum à cette époque.
Le livre de Moosbauer est illustré par plusieurs bonnes cartes et il repose sur une solide connaissance de l'archéologie; grâce à ses connaissances sur les fouilles faites en Allemagne jusqu'à ces dernières années, l'auteur peut restituer le contexte de ce conflit. En effet, l'essentiel de son livre est consacré aux périodes qui entourent la bataille du Harzhorn. Il part de l'époque d'Antonin le Pieux et de ses guerres danubiennes, et il enchaîne avec les guerres de Caracalla contre les Germains. Il accorde une grande importance à l'invasion germanique de 233, qui appelait une riposte au moins symbolique, et Maximin le Thrace vint à Mayence pour l'organiser. La rencontre du Harzhorn proprement dite n'est abordée qu'à partir de la page 85; si le texte est concis, il est illustré par plusieurs planches très intéressantes (pl. 12, 13 et 16). Moosbauer nous ramène ensuite à Mayence. Il pense d'une part que cette affaire montre les transformations du barbaricum, d'où sont venues de nombreuses sources de difficultés pour Rome, et d'autre part qu'elle n'a pas empêché l'échec de Maximin le Thrace. À partir de ce moment, l'empire connut des difficultés croissantes, causées par la conjonction de guerres sur le Rhin, le Danube et en Orient, donc contre les Germains et l'Iran.
Si cet ouvrage n'est pas ennuyeux, il n'apportera rien au spécialiste d'histoire romaine, et l'auteur n'a d'ailleurs pas cette prétention. Il ne propose en effet aucune note de bas de page et sa bibliographie est éclatée, comportant quelques lacunes inévitables. Toutefois, les lecteurs qui constituent ce qui est appelé «le grand public» prendront plaisir à cette description.
Yann Le Bohec