Rezension über:

Wolfgang Blümel (Hg.): Peter Herrmann: Kleinasien im Spiegel epigraphischer Zeugnisse. Ausgewählte kleine Schriften, Berlin: de Gruyter 2016, XIV + 718 S., zahlr. Abb., ISBN 978-3-1104-8965-1, EUR 149,95
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Rezension von:
Patrice Hamon
Département d'histoire, Université de Rouen
Redaktionelle Betreuung:
Matthias Haake
Empfohlene Zitierweise:
Patrice Hamon: Rezension von: Wolfgang Blümel (Hg.): Peter Herrmann: Kleinasien im Spiegel epigraphischer Zeugnisse. Ausgewählte kleine Schriften, Berlin: de Gruyter 2016, in: sehepunkte 17 (2017), Nr. 9 [15.09.2017], URL: https://www.sehepunkte.de
/2017/09/29867.html


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Wolfgang Blümel (Hg.): Peter Herrmann: Kleinasien im Spiegel epigraphischer Zeugnisse

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Les mélanges et hommages se multiplient aujourd'hui comme jamais, émiettant la production scientifique dans des volumes hétérogènes et difficiles d'accès. Il n'existe pourtant pas de meilleur moyen de rendre hommage à un savant que de rassembler ses œuvres, pour en donner à voir la cohérence, l'unité de vue et les inflexions au cours d'une vie de travail. C'est la tâche que s'est donnée Wolfgang Blümel en éditant le présent choix d'articles de Peter Herrmann (1927-2002), ce dont tous les antiquisants lui sauront gré. Le volume regroupe cinquante-neuf contributions (ci-après: e.g. no 46), classées par régions et par thèmes ("Inschriften aus Lydien", "Inschriften aus Milet", "Inschriften aus verschiedenen Regionen", "Übergreifende Darstellungen"). Pour des raisons de droits, les articles publiés dans Chiron ou Anadolu manquent à l'appel. Le travail d'édition soigné fait de ce livre un instrument de travail maniable: la pagination originale est signalée dans la marge; pour les documents épigraphiques publiés par Herrmann, l'éditeur donne des références actualisées (par corpus ou par le SEG); on trouve à la fin une liste des œuvres de Herrmann, ainsi que plusieurs indices (publications, personnes, lieux, mots grecs), qui rendront bien des services.

Formé par Josef Keil et Louis Robert, professeur à Hambourg puis directeur des Inscriptiones Graecae, Herrmann fut un maître de l'épigraphie grecque. En parcourant ces opera minora, on mesure l'ampleur de son œuvre scientifique, on discerne son ancrage dans certaines régions d'Asie Mineure occidentale, mais également le large spectre de questions qu'il aborda, souvent à la faveur de la publication d'inédits. Le noyau de l'œuvre est constitué de corpus d'inscriptions, publiés par Herrmann seul ou en collaboration avec d'autres savants. Les articles ici réunis sont le contrepoint de ces corpus: des travaux préparatoires ou des compléments, des publications portant sur d'autres cités ou régions, et enfin des mises au point et des essais plus synthétiques. Il est impossible d'énumérer tous les sujets traités. On se contentera de mettre en exergue quelques thèmes saillants.

Chargé de la publication du volume V des Tituli Asiae Minoris, Herrmann s'est d'abord intéressé à la Lydie, pays attachant et riche en inscriptions, en commençant par la plaine du Moyen Hermos et la "Lydie Brûlée", avec les cités d'importance secondaire que sont Thyatire (no 52) et Julia Gordos (nos 4-5), et plus tard en se consacrant à Sardes (nos 11-12, 53). Par ses trouvailles sur le terrain, Herrmann a fait progresser nos connaissances sur la géographie historique de ces contrées, localisant de petites cités de l'intérieur (Hermokapèleia, Apollonos Hieron) et identifiant des localités rurales (Agatheira d'Hyrcanis, (N)akokomè d'Apollonis). Dans ce monde des campagnes, vivant et laborieux, les cultes fourmillent à l'époque hellénistique et impériale (Apollon Pleurenos [no 20], Mèn Axiottènos [no 6], Zeus Porottènos [no 4], dieux de Pereudos/on [no 7]). À travers des inscriptions de confession, Herrmann analyse avec finesse le financement de ces sanctuaires, qui exigeaient des prestations de service de la part des fidèles, voire une part de leur héritage. L'autre région de prédilection de Herrmann est l'Ionie, en particulier Milet, mais aussi Samos, Téos et Smyrne. Herrmann a consacré une grande partie de son activité à achever la publication des inscriptions mises au jour à Milet - effort couronné par la publication des volumes Milet VI, 1-3 (avec Norbert Ehrhardt et Wolfgang Günther). Comme pour la Lydie, cette entreprise fut accompagnée par la publication d'articles, dont dix-huit sont ici réunis (le no 38 est inédit). Ils couvrent un arc chronologique qui va du Ve s. a. C. au IVe s. p. C. et portent sur la cité, ses institutions, ses ressources, ses cultes et ses fêtes, ses familles dirigeantes, sa diplomatie. Par le prisme de Milet et des autres poleis qui lui servent de postes d'observation, Herrmann embrasse en fait toute l'histoire de l'Asie Mineure hellénistique et impériale, région de vieilles cités, soumise aux rois, puis intégrée dans l'Empire romain. On relira avec admiration certains travaux de Herrmann qui ont fait date: le remarquable mémoire sur Antiochos III et l'asylie de Téos (non repris ici); le no 22 consacré aux relations entre Milet et les Attalides; le no 46 sur le voisinage conflictuel de Temnos et de Clazomènes; le no 34 sur l'instauration du culte impérial à Milet et dans la province d'Asie; le no 59 sur l'histoire pluriséculaire du koinon des Ioniens. Au fil des chapitres émergent des figures caractéristiques d'un temps ou d'un milieu: Apollophanès de Séleucie, médecin d'Antiochos III, en campagne sur une route de Lydie, sans doute aux côtés du roi lui-même (no 4); Eirènias de Milet, ambassadeur pour sa cité à Pergame et à Antioche (no 22); Epikratès de Milet, ami d'Octavien/Auguste, devenu par la faveur de ce dernier C. Julius Epikratès (no 34); Chresimus, affranchi impérial en charge des carrières d'Asie sous Domitien, Nerva et Trajan (no 47); le rhéteur Polybios de Sardes, admirateur de Cicéron, délégué de sa patrie au Panhellénion d'Athènes (no 11). Herrmann a croisé et approfondi, d'article en article, bien d'autres questions relatives à la vie des cités et à l'administration provinciale: l'idéologie du bon citoyen, telle que les mots la reflètent et la construisent (nos 57-58); la participation des notables aux dépenses civiques par le biais de fondations et le souci des autorités romaines d'encadrer ces pratiques (nos 25-26, 56); l'établissement du culte impérial sous les Julio-Claudiens, étudié à travers les formules de serment, les temples et les grand-prêtres (nos 29, 32, 34, 53); la présence diffuse en Asie des Italiens (nos 13, 18, 38), ainsi que des affranchis et esclaves impériaux (nos 1, 24, 47).

La lecture des articles de Herrmann est une leçon permanente de méthode. S'il sait commenter en historien les inscriptions, y compris métriques (nos 14, 17, 21, 36, 58), c'est parce qu'il est un philologue accompli. En témoignent les "Epigraphische Notizen" (nos 49-55) et plus généralement l'attention permanente qu'il porte au vocabulaire, à ses nuances et à son évolution. Herrmann n'édite jamais un texte sans le replacer dans l'ensemble de l'épigraphie d'une cité, avec son formulaire, sa prosopographie, son onomastique propres - ce qui lui permet de réinterpréter avec profit des textes déjà connus, par exemple Milet I 2, nr. 7 pour Epikratès (no 34). Mais une inscription ne devient document d'histoire que si, en outre, on l'insère dans la série entière à laquelle elle appartient, comme le fait Herrmann à propos de textes de nature et de date très variées: convention judiciaire entre cités (no 46), décret honorifique posthume (no 5), constitution impériale (nos 25-26), consécrations d'associations cultuelles (no 28), inscriptions de confession (nos 6-8). Éditeur rigoureux et prudent, historien pénétrant, sensible aux mots et aux choses, mais aussi à l'écart et à la tension qui règne entre eux, connaisseur intime de la Turquie, Herrmann a enfin le mérite d'écrire d'une plume simple et remarquablement claire. Grâce à Wolfgang Blümel, son œuvre trouvera une seconde vie et de nouveaux lecteurs.

Patrice Hamon