Jonathan Eaton: Leading the Roman army. Soldiers and emperors, 31 BC - AD 235, Barnsley: Pen & Sword Military 2020, XIV + 205 S., 20 Farbabb., ISBN 978-1-47385-563-2, GBP 19,99
Buch im KVK suchen
Bitte geben Sie beim Zitieren dieser Rezension die exakte URL und das Datum Ihres Besuchs dieser Online-Adresse an.
Mark Hebblewhite: The Emperor and the Army in the Later Roman Empire, AD 235-395, London / New York: Routledge 2017
Anthony Kaldellis / Marion Kruse: The Field Armies of the East Roman Empire, 361-630, Cambridge: Cambridge University Press 2023
Oliver Stoll: Vestigia Cladis - Roms Umgang mit militärischem Misserfolg. Niederlagen verdrängen, Siege betonen, Resilienz beweisen, Berlin: Frank & Timme 2019
Séduit par une excursion au mur d'Hadrien et par la lecture d'un grand livre écrit par B. Campbell (The Emperor and the Roman army, 31 B.C. - A.D. 235, Oxford, 1984, 468 p.), J. Eaton a voulu approfondir la pensée du maître tout en marquant son originalité; d'où ce livre double, qui se propose d'étudier d'une part les niveaux de commandement, et d'autre part les relations entre l'empereur et les soldats.
1. Il apparaît donc que l'empereur devait s'appuyer sur la garnison de Rome, surtout sur les prétoriens. Et, pour renforcer la discipline, un souverain (c'est Hadrien) a créé le culte de la déesse Discipline et tous ont proposé diverses valeurs aux soldats: fides, virtus, concordia exercituum, avec le développement du mythe de la mater castrorum. Malgré tout, des mutineries sont attestées et J. E. en arrive à une conclusion étonnante: l'armée romaine était indisciplinée (38).
Un sort spécial est réservé aux centurions qui, comme on sait, constituaient l'épine dorsale de l'armée romaine (51). Ou ils sortaient du rang, ou ils étaient directement recrutés à ce niveau, ce qui nous semble juste et original. Et ils maintenaient la discipline grâce au courage qu'ils montraient au combat.
Au-dessus des centurions, les sénateurs et les chevaliers manifestaient, comme les soldats, leur virtus. Les soldats les considéraient comme des patrons, mais l'empereur était un patron autrement plus important. L'exemple le plus développé de ces cadres se trouve est fourni par Agricola.
À ce stade de l'enquête, se pose la question de la conscience politique des soldats. Concevoir une idéologie leur était difficile, car ils ne disposaient pas de toutes les informations. À l'opposé, le point de vue du souverain a été exprimé à travers ses monnaies, par des thèmes comme fides, virtus, concordia exercituum, à travers des noms d'unités, etc. Mais, au total, l'empereur restait un personnage lointain.
Le dernier chapitre, plus directement inspiré du livre de B. Campbell cité plus haut, revient sur les liens unissant l'empereur et les soldats. Le souverain essayait d'établir un rapport personnel avec les soldats et il utilisait notamment la maison impériale pour le fonder. Il accompagnait parfois ses hommes quand ils partaient en campagne et enfin quand ils étaient sur le champ de bataille.
Le livre se clôt sur une courte conclusion générale (mais chaque chapitre a sa conclusion propre), suivie par un Appendice sur les unités militaires présentes dans la Ville de Rome, puis par une bibliographie et enfin par un bref index.
2. Une lecture attentive de cet ouvrage montre que l'auteur a choisi un parti: il n'a utilisé que des travaux rédigés en anglais. Quelques références dans d'autres langues se trouvent dans la bibliographie ; très peu sont présentes dans les notes et presque aucune n'a été utilisée (voir par exemple p. 27, n. 81). Nous suggérons donc quelques références complémentaires pour les éventuels lecteurs soucieux d'entendre d'autres avis.
Pour comprendre les niveaux de commandement, deux ouvrages, qui sont connus même en Angleterre, nous paraissent indispensables: A. Von Domaszewski: Die Rangordnung des römischen Heeres, B. Dobson réédit, Cologne, 1967, LXII-375 p., et Y. Le Bohec édit.: La hiérarchie (Rangordnung) de l'armée romaine sous le Haut-Empire. Actes du Congrès de Lyon (15-18 septembre 1994), Paris, 1995, 480 p.
Depuis Richmond, 1967, le Tropaeum Traiani (p. 33-34) a été étudié par A. S. Stefan: Dal Tropaeum Domitiani al Tropaeum Traiani, Traiano. Costruire l'Impero, creare l'Europa, C. Parisi Presicce et S. Costa édit., Rome, 2017, p. 137-140.
Sur le centurionat (chapitre 3), il y a plus récent que Gilliam (1957), et Holder (1980), notamment avec P. Faure: L'aigle et le cep. Les centurions légionnaires dans l'Empire des Sévères, Bordeaux, 2013, 2 vol., 1106 p. C'est une somme, où le lecteur trouvera tout. Il ne serait pas inutile de citer l'article fondateur de P. Le Roux ou encore le gros livre d'O. Richier, mentionné en bibliographie mais visiblement pas consulté.
Il est maintenant établi que les viri militares (54) étaient de grands officiers retirés du service dont ils gardaient la nostalgie, comme le montre J. M. Geisthardt: Eine militärische Reichselite? Senatoren im Dienst des Kaisers und das Konzept der Viri militares, Imperium und Romanisierung: neue Forschungsansätze aus Ost und West zu Ausübung, Transformation und Akzeptanz von Herrschaft im Römischen Reich, Rubel A. édit., Constance, 2013, p. 37-56. Les mêmes conclusions se retrouvent, au moins à peu près, dans G. Assorati: Ancora sui viri militares. L'incidenza della carriere militare negli adlecti in senato degli Imperatpri tra I e II secolo d.C., Domi forisque. Omaggio a Giovanni Brizzi, S. Magnani édit., Bologne, 2018, p. 11-20.
Les tribuni militum a populo (57) étaient bien des officiers de l'armée d'active, comme l'a montré Cl. Nicolet: Tribuni militum a populo, MÉFR, 79, 1967, p. 29-76.
L'incompétence des officiers (77) n'est plus une idée admise hors du Royaume Uni. Voir E. Frézouls: Le commandement et ses problèmes, La hiérarchie (Rangordnung) de l'armée romaine sous le Haut-Empire, Le Bohec Y. édit., Paris, 1995, p. 157-166.
Sur les vigiles (134), plutôt que Baillie Reynolds, 1923 (!), et Rainbird (1986), nous conseillons R. Sablayrolles: Libertinus miles. Les cohortes de vigiles, CÉFR, 224, Paris-Rome, 1996, IX-875 p.
Il serait possible de prolonger cette liste; la place manque ici. Nous conseillons donc aux chercheurs qui voudraient utiliser ce livre de compléter la bibliographie que propose l'auteur.
Yann Le Bohec